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Bien choisir ses variétés de sorgho fourrager monocoupe

Le choix d’une variété de sorgho pour le troupeau laitier dépend de sa précocité et de l’équilibre entre rendement et valeur alimentaire. Les résultats post-inscription d’Arvalis offrent un outil d’aide à la décision avant des semis programmés mi-mai.

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En complément du maïs ensilage, les sorghos fourragers monocoupes présentent deux intérêts désormais bien identifiés : d’aune part, leur capacité à produire de la biomasse en arrière-saison et ainsi à s’affranchir en partie de l’impact d’étés secs ; d’autre part, leur apport d’énergie sous forme de sucre et de fibres digestibles dans des rations qui plafonnent en amidon (25 %).

Mais commençons par un rappel physiologique. Les différents types de sorgho monocoupe à ensiler se distinguent par la fertilité de leur panicule. Dans la catégorie des sorghos dits « fertiles », on trouve les sor­ghos grains, qui apportent une énergie surtout sous forme d’amidon (15 à 20 %), et les types sucriers, contenant beaucoup de sucre soluble et moins d’amidon (5 à 10 %). On distingue par ailleurs le type mâle stérile (MS) qui ne produit pas ou peu de grains et les photopériodiques sensibles (PPS) qui ne fleurissent pas sous nos latitudes, c’est-à-dire ne produisent ni grain ni panicule.

Objectif : une récolte entre 25 et 30 % de MS

De façon schématique, les variétés fertiles, typées grain, ont un cycle plus proche de celui du maïs. Elles sont plus précoces que les MS et surtout les PPS, c’est-à-dire mieux adaptées dans des zones limitées en sommes de températures pour parvenir à maturité, mais avec moins d’intérêt dans des rations riches en amidon. Les essais conduits par Arvalis entre 2021 et 2023 indiquent, sans surprise, que les récoltes de sorgho plus tardives (de quinze à trente jours après le maïs) sont plus favorables à l’expression du potentiel de rendement et à une récolte à maturité : 27 % à 37 % MS pour les typés grains ; 25 % à 27 % pour les sucriers ; 24 % à 27 % pour les MS et seulement 19 % à 22 % pour les PPS. L’objectif est de récolter un fourrage entre 25 % et 30 % de MS : en deçà, il y a un risque de pertes par jus au silo ; au-dessus, un risque d’échauffement du silo constaté après ouverture.

Le caractère BMR est un autre critère de choix pour la digestibilité de ses fibres. Mais il n’est pas discriminant, car des sorghos non BMR affichent aussi de très bonnes valeurs alimentaires. De même, la classification « ensilage », « double usage » ou « usage industriel » est amenée à disparaître au profit de la certification française CTPS (Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées), issue des essais post-inscription menés par l’Institut du végétal. Cette certification permet de s’affranchir de cette complexité génétique, en proposant une aide au choix variétal fondé sur des critères d’intérêt comparés des variétés les unes par rapport aux autres. Dès lors, avec un semis réalisé à partir de mi-mai et au plus tard début juin, dans un sol assez réchauffé (12 °C), le choix variétal implique dans un premier temps de se référer au critère de précocité.

La valeur UFL, premier critère de choix

Après s’être assuré d’une précocité adaptée à son contexte, le choix va dépendre de l’équilibre entre la valeur alimentaire et le potentiel de rendement de la variété. « Selon ses objectifs, on va privilégier l’un ou l’autre. Plus on vise la performance, plus il faut être intransigeant sur la valeur UFL, souligne Agnès Tréguier, ingénieure Arvalis. Ensuite, en fonction de la ration, il faut privilégier un profil plutôt typé sucre ou amidon. » Pour faire simple, plus le potentiel de rendement est élevé, plus la valeur alimentaire tend à la baisse. Des variétés comme Emeraude, ou ES Hyperion, typées sucre, se caractérisent par un bon équilibre entre productivité et valeurs alimentaires. Ce sont des variétés intermédiaires en matière de précocité, ce qui exclut les semis tardifs. Arigato est la variété qui affiche la meilleure valeur alimentaire. Elle est typée sucre, destinée au troupeau laitier, suffisamment précoce pour être cultivée en Bretagne ou en Lorraine, mais avec un potentiel de rendement plus faible. RGT Ggalactic ou Junggle BMR sont deux variétés de petite taille au profil sucrier, de haute valeur énergétique et dont la précocité permet d’envisager leur culture jusque dans les Hauts-de-France, selon le semencier : elles ont un besoin en somme de températures de 1 640 °C pour obtenir une récolte à 25 % de MS. « Même si les variétés inscrites gagnent en précocité et malgré le réchauffement climatique, on considère que dans le nord de l’Île-de-France il y a un risque selon les années de ne pas pouvoir conduire la culture du sorgho monocoupe jusqu’à maturité, souligne l’ingénieure. Certains y parviennent dans des parcelles bien exposées, sur de petites surfaces pour limiter ce risque. »

Des variétés de référence précoces et tardives

Sur le terrain, on observe également la pratique de mélanger au semis des variétés précoces et d’autres plus productives, afin de tamponner la faiblesse en MS. La résistance à la verse est un autre critère d’importance dans des secteurs venteux et pluvieux ­d’arrière-saison. Les variétés dites « de référence » sont les variétés témoins, avec au moins trois ans de recul sur leur comportement. Ce sont les plus cultivées en France et elles font partie des plus performantes, avec à la fois des précoces et des tardives. Celles dites « en expérimentation » sont des variétés d’intérêt mises à l’essai avant confirmation.

Au-delà des variétés évaluées en post- inscription et certifiées en France par le CTPS, d’autres sont disponibles sur le marché. La loi européenne autorise en effet à commercialiser des variétés certifiées par d’autres pays de l’Union. Cependant, une variété certifiée au Portugal, par exemple, est liée aux performances dans ce pays, qui ne sont pas le reflet de ce qu’elles sont capables de faire sous nos conditions.

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